Si L’UTMB m’était conté…

Si L’UTMB m’était conté…

Imaginez un univers parallèle avec une piste en son centre, une toile d’araignée de singletrack s’étend dans toutes les directions depuis le centre-ville, des tenues aux couleurs coordonnées par millier et un sac d’hydratation comme seul bagage. Les félicitations ne sont pas distribuées sur Strava, mais généreusement et bruyamment par un public en furie.

Même les rudes rues pavées semblent conçues pour vous aider à affiner votre jeu de jambes. Vous êtes un trailer. Vos voisins sont des trailers. Le maire est un trailer.

Cette utopie du trail existe, et c’est à Chamonix, pendant la semaine de l’UTMB.

« C’est le paradis », d’après pas mal de Trailer « Chamonix et le Massif du Mont Blanc est le haut lieu du trail. Si vous voulez  une course rapide, allez sur le KV. Si vous voulez un trail emblématique, pourquoi ne pas vous tester sur le parcours du 42K du Marathon du Mont Blanc ? » 



La fête est lancée – 2300 coureurs sont partis dans les rues de Chamonix au début de l’UTMB de cette année.

En 2019, dernier UTMB en date , plus de 40 000 coureurs, bénévoles et spectateurs ont vécus pendant la semaine du festival de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc un spectacle de mille couleurs.

Lors de ce sommet mondial du Trail se déroule six courses estampillées UTMB, allant de 40km à 300km. Chaque course accueille plus de 2 000 coureurs et serpente dans la vallée de Chamonix autour du massif du Mont-Blanc, traversant la France, l’Italie et la Suisse.

Chamonix est depuis longtemps un haut lieu de l’alpinisme et de la culture montagnarde surtout depuis que les Chams, Michel-Gabriel Paccard et Jacques Balmat ont escaladé le Mont Blanc pour la première fois en 1786. Ces dernières années, elle est devenue un terrain de test pour quelques ultra Trailers. En 2013, Kilian Jornet vous proposait un l’aller-retour du Mont Blanc en un peu moins de cinq heures !

« Une semaine totalement folle »

Cette célébration de la course d’endurance en montagne est due à l’esprit d’entreprise de Catherine et Michel Poletti, qui sont également les directeurs de course.

Leur objectif est d’avoir plusieurs courses sur chaque continent dont peut-être trois ou quatre en Chine, une au Japon et une en Corée. L’UTMB® est devenu une marque internationale qui organise des compétitions dans pratiquement tous les coins du monde. Les inscriptions ont augmentées de près de 70 % au cours des trois dernières années. En 2019, 26 000 coureurs se sont disputés 10 000 places sur la ligne de départ des courses du festival.

Pour pouvoir prétendre prendre le départ, un seul moyen, accumuler les 10 points ITRA et avoir un peu de chance… (10 points pour l’UTMB mais seulement 4 pour l’OCC). Vous cherchez à accumuler d’un seul coup les 10 points nécessaires pour participer à la loterie de l’UTMB ? Il vous suffit de participer à l’une des courses comme, peut-être en traversant les sables du désert et les ruines anciennes d’Oman  ou parcourez l’Orient à pied en vous inscrivant à la Gaoligong by UTMB® ou même à Ushuaia, en Argentine, encore avec l’UTMB®. On a l’impression que tous les continents seront bientôt colonisés par des conquistadors vêtus de Lycra et munis de bâtons en carbone.

Les États-Unis résistent encore a la « multinationale UTMB ». Un labyrinthe politique d’aménagement du territoire et de procédures empêche généralement les organisateurs d’avoir plus d’une centaines de coureurs… Même si cela ne permet pas aux chamoniards Catherine et Philippe d’organiser des courses à leur (dé)mesure, les organisateurs en place peuvent toujours demander à être une course qualifificative pour l’UTMB par l’intermédiaire de l’ITRA.
L’ITRA fonctionne en sélectionnant les courses qui qualifient les coureurs. De nombreuses courses ont refusé de participer, et se sont prononcées contre le système de paiement de l’ITRA, où les événements paient la facture (un minimum de 100 euros) pour être certifiés afin que leurs coureurs puissent accumuler des points.


Xavier Thévenard, trois fois champion de l’UTMB n’aura pas pu glaner un 4eme titre.

Un arc-en-ciel de fanions sponsorisés plane au-dessus du centre-ville de Chamonix, et certaines élites du trail sont couvertes d’un tel kaléidoscope de logos d’entreprises qu’ils ressemblent davantage à des athlètes de Formule 1 qu’a des coureurs de fond. Vous pouvez voir la bannière COLUMBIA (le sponsor principal de l’événement) de loin. La machine publicitaire est dans la place.

Au départ de l’UTMB L’ambiance ressemble plus a un carnaval qu’à celle d’une épreuve sportive.



Les coureurs s’élancent doucement dans une ambiance festive.

L’Ultra-Trail du Mont-Blanc part de Chamonix et fait le tour complet du Mont-Blanc. Le parcours de 171km doit être bouclé en 46h30mn maxi.

Le parcours s’enroule autour de la base du Mont Blanc, en passant par la France, l’Italie et la Suisse. Le tracé est parsemé de petits villages alpins qui font office de postes de ravitaillement et de secours.


Descente vers Courmayeur, en Italie.

Les courses sont échelonnées tout au long de la semaine, de sorte que les lanternes rouges de la TDS terminent en tandem avec les vainqueurs de la CCC. Des personnes de tous âges, de tous les pays (100 nations) manifestent la même émotion en terminant leur course sous l’arche bleue géante de l’UTMB.

L’Espagnol Pau Capell a remporté l’UTMB 2019 en 20 heures 19 minutes. 
Il a été
suivi par le favori des fans français et triple vainqueur de l’UTMB, Xavier Thévenard et le Kiwi Scotty Hawker.

La premiere femme fut Courtney Dauwalter, qui a terminé le parcours en 24 heures 34 minutes, ce qui lui a valu la 21e place au classement général. Elle était suivie de la Suédoise Kristin Berglund et de l’Espagnole Maite Maiora.


Courtney Dauwalter


Pau Capell


Les courses

L’UTMB® : environ 171 km pour environ 10 000 mètres de dénivelé positif, au départ de Chamonix, en semi-autonomie et en 46:30 heures maximum. Environ 2300 coureurs.

– La CCC® : environ 101 km pour environ 6 100 mètres de dénivelé positif, au départ de Courmayeur, en semi autonomie et en 26:30 heures maximum. Départ organisé en 3 vagues pour fluidifier la course. SAS de départ défini selon les critères sportifs de l’indice de performance ITRA. Environ 1900 coureurs.

– La TDS® : environ 145 km pour environ 9 100 mètres de dénivelé positif, au départ de Courmayeur, en semi autonomie et en 44:00 heures maximum. Environ 1600 coureurs.

– L’OCC : environ 56 km pour environ 3 500 mètres de dénivelé positif, au départ de Orsières, en semi autonomie et en 14:30 heures maximum. Environ 1200 coureurs

– La MCC : environ 40 km pour environ 2300 mètres de dénivelé positif, au départ de Martigny-Combe, en semi autonomie et en 10 heures maximum et réservée aux bénévoles, membres de l’organisation, aux résidents de l’espace Mont-Blanc, aux partenaires, et aux habitants du Valais, de la Vallée d’Aoste, de la Savoie et de la Haute-Savoie (via tirage au sort en cas de nombre de demandes supérieur au nombre de places disponibles). Environ 1000 coureurs    

– La PTL® : cette épreuve est sensiblement différente des autres et bénéficie d’un règlement qui lui est propre

– La YCC : challenge dédié aux jeunes nés de 13 à 20 ans, composé d’un prologue à Chamonix le mardi de la semaine de l’événement en fin d’après-midi et d’une épreuve de 5 à 15km (selon les catégories) à Courmayeur le lendemain. Environ 300 coureurs. Cette épreuve bénéficie d’un règlement qui lui est propre 


Si vous n’êtes pas le premier, vous serez tout de même fêté comme le premier

L’organisation de la course sait comment jouer avec vos émotions. La cérémonie de remise des prix du podium de la course de l’UTMB est programmée pour coïncider avec l’arrivée du dernier coureur. En 2019, le finaliste était un Français. Une foule de plusieurs centaines de spectateurs a applaudi fièrement et sincèrement Guillaume Keller, qui a levé les poings au-dessus de sa tête en signe de triomphe, tandis que le vainqueur Capell regardait et applaudissait. Il a terminé en 46 heures et demie, un jour entier après le vainqueur de la course.

L’UTMB est l’exposition mondiale de la croyance en soi. Pendant une semaine, vous vivez dans une ville à moitié peuplée de gens qui rêvent en grand et de gens qui sont prêts à tout pour vous soutenir. C’est peut-être cette conviction, que n’importe qui, n’importe quel coureur pourrait être, qui rend l’UTMB si séduisante. Chaque performance a une sorte de podium personnel. Au minimum, vous recevez un beau gilet polaire.

En bref ce festival est une réussite totale tant sur le plan sportif que pour le modèle économique qui permet à cette entreprise d’être fleurissante.  

Quid de l’empreinte carbone des trailers venu du bout du monde ? Un vaste sujet qui concerne aussi d’autre type d’organisation a l’aura internationale comme Ironman® la multinationnale organisatrice de triathlon. Mais nous en parlerons plus tard…

L’édition 2020 n’a pas pu avoir lieu dans le constexte de cette crise sanitaire qui a freiné la quasi totalité des organisations d’événements. Il ne nous reste plus qu’a patienter jusqu’a la prochaine éditions, 2021….

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